Les prophéties du nuage rose

« [L’art] est l’expression de la société » (Mercure de France, 1802). Cette affirmation de Louis de Bonald – homme politique, philosophe et essayiste français de la fin des XVIIIème et XIXème siècles – pose clairement le besoin toujours actuel de voir en l’art un commentaire de la société, qu’il soit politique, social, culturel, technologique ou pandémique. Cette vision de l’art comme « miroir qui se promène le long d’une grande route » (Le Rouge et le Noir de Stendhal, 1830), bien que beaucoup critiquée puis laissée aux oubliettes par le XXème siècle et ses théories post-modernes, semble aujourd’hui renaître de ses cendres et être à son apogée dans le 7ème art. Toutefois, cette vision de l’art comme expression pure et simple de la société actuelle ne risque-t-elle pas de tendre vers une systématisation de l’art comme commentaire de notre époque ? Ne risque-t-on pas d’imposer à l’art notre vision de celui-ci sans chercher à comprendre ce qu’il veut nous montrer en premier lieu ? Si l’art – ici le cinéma – est bel et bien l’expression d’un regard sur la société montrée, n’est-il pas également le dévoilement des craintes possibles vis-à-vis de la société dans laquelle on évolue ? Autrement dit, l’art n’aurait-il pas une fonction prophétique par rapport à la réalité qu’il dépeint plus qu’une simple possibilité de donner à voir de l’extérieur ce qui se passe à l’intérieur d’une société ?

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