Une procession de silhouettes, battues par le vent et la pluie de tous les côtés, avance lentement vers le haut de la colline. Son sommet disparaît dans un brouillard épais : verra-t-on quelque chose ? Dans une symphonie dramatique du vent chaque pas est un effort surhumain. Par moments, on aimerait se laisser emporter et faire à jamais partie de ce brouillard nous attendant là-haut. C’est presque soulageant, cette vision ; cette pensée m’effraie.
Nos pieds glissent sur les rochers, puis s’enfoncent dans la brume – on ne voit même pas le paysage qui nous entoure, rien, que des détails comme nos pieds, la boue, les cailloux. Quand on pense abandonner, devant nous, dans ces rafales du vent et de la pluie, s’élève une formation rocheuse. Je n’en vois que des contours dans ce brouillard, et ces formes me font penser à des tours et des portails gothiques. Les silhouettes qui, il y a encore un moment, peinaient à monter la colline, tournent maintenant autour de ce rocher tels les pèlerins autour d’un sanctuaire. Y aura-t-il une porte qui s’ouvrira si l’on ose frapper ce portail de brume ?
De l’autre côté, en bas, le vent s’amuse avec le soleil à faire des dessins sur la mer.