L’identité en quête de territoire

La 50ème édition du Festival du Nouveau Cinéma s’est terminée fin d’octobre 2021. Certains films avaient déjà été présentés en automne, d’autres font leur entrée dans les salles cet hiver. On connaît les prix : pour en nommer seulement deux, Great Freedom a remporté la Louve d’Or en compétition internationale et en compétition nationale le prix a été décerné à Night Riders. Le premier, par un drame carcéral historique, suit l’histoire d’un jeune allemand homosexuel en Allemagne de l’Ouest ; le second est une fable située dans l’avenir qui illustre l’oppression des autochtones dans le passé et maintenant. Deux sujets très travaillés en ce moment, deux façons de les présenter sur l’écran. Mais d’autres enjeux propres au cinéma actuel sont également traités et le visionnage de quelques films de la compétition nationale nous a permis – nous semble-t-il – de saisir les préoccupations communes des cinéastes : tous, commençant souvent par la mort du père ou une fuite de son pouvoir, dessinent l’itinéraire d’un étranger faisant face à un nouveau territoire qui, finalement, s’avère être sa terre-mère avec laquelle il tente de renouer une relation.

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Les prophéties du nuage rose

« [L’art] est l’expression de la société » (Mercure de France, 1802). Cette affirmation de Louis de Bonald – homme politique, philosophe et essayiste français de la fin des XVIIIème et XIXème siècles – pose clairement le besoin toujours actuel de voir en l’art un commentaire de la société, qu’il soit politique, social, culturel, technologique ou pandémique. Cette vision de l’art comme « miroir qui se promène le long d’une grande route » (Le Rouge et le Noir de Stendhal, 1830), bien que beaucoup critiquée puis laissée aux oubliettes par le XXème siècle et ses théories post-modernes, semble aujourd’hui renaître de ses cendres et être à son apogée dans le 7ème art. Toutefois, cette vision de l’art comme expression pure et simple de la société actuelle ne risque-t-elle pas de tendre vers une systématisation de l’art comme commentaire de notre époque ? Ne risque-t-on pas d’imposer à l’art notre vision de celui-ci sans chercher à comprendre ce qu’il veut nous montrer en premier lieu ? Si l’art – ici le cinéma – est bel et bien l’expression d’un regard sur la société montrée, n’est-il pas également le dévoilement des craintes possibles vis-à-vis de la société dans laquelle on évolue ? Autrement dit, l’art n’aurait-il pas une fonction prophétique par rapport à la réalité qu’il dépeint plus qu’une simple possibilité de donner à voir de l’extérieur ce qui se passe à l’intérieur d’une société ?

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La traversée

Le cinéma qui se veut engagé et avant-gardiste perd souvent les dimensions de symbole ou de métaphore – formes naturels pourtant si l’on parle à travers les images. Ce n’est pas le cas de La Traversée : ce film animé représente sous forme d’une merveilleuse fable l’itinéraire de deux exilés en quête de leur terre promise.

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