Le cinéma qui se veut engagé et avant-gardiste perd souvent les dimensions de symbole ou de métaphore – formes naturels pourtant si l’on parle à travers les images. Ce n’est pas le cas de La Traversée : ce film animé représente sous forme d’une merveilleuse fable l’itinéraire de deux exilés en quête de leur terre promise.

L’histoire n’est pas nouvelle – on la connaît par le destin d’exilés auquel étaient soumis les peuples méprisés par les autres. Proprement à une fable, ce film rassemble ces histoires et les présente en une seule intrigue prenant place dans un pays imaginaire. Un peuple est hai (sans raison apparente) par un autre, les habitants d’un des villages sont obligés de fuir. Concentrons-nous sur une famille: les parents sont arrêtés dans un train, les enfants arrivent à la ville – première étape de leur parcours. Dès lors, ils rencontreront des bonnes âmes et des loups en peaux de moutons, ils feront connaissance d’autres réfugiés et de tout un tas de personnages qui leur permettront, à chaque étape, d’avancer plus loin.

Le schéma de leur quête est connu, mais gagne de la magie (et parfois de l’horreur) grâce à la technique de dessin employée (me faisant penser à Chagall). Les couleurs s’enchevêtrent à travers les formes: ainsi un oiseau, en s’envolant, peut prendre avec lui les feuilles automnales d’un arbre. Les portraits psychologiques des personnages sont bien présentés, car rapportés par la fille-dessinatrice qui est la protagoniste principale.

Mésaventures à chaque étapes, personnages adjuvants et opposants et la peur collée au dos illustrent un trajet exemplaire de deux enfants exilés en recherche d’une terre. Or ce n’est pas l’itinéraire même qui importe le plus, mais la manière dont il est raconté: le style nous touche aussi par sa volonté d’universalisme, en nous sensibilisant par cette fable aux réfugiés d’avant et de maintenant.

Le film est à voir encore sur le site du Festival du Nouveau Cinéma: ICI