Le train s’est arrêté en plein milieu des champs, la tempête de neige a couvert les visages des personnages. L’intrigue est restée sur les rails, entamée et comme suspendue, attendant la suite du voyage. Quelques mois après le Festival de Cannes, grâce au FNC à Montréal, j’ai pu terminer cette histoire de voyage en train qu’est le Compartiment no. 6.
Comment choisir un bon film au Festival lorsqu’on ne sait rien à propos du réalisateur et on n’a qu’un court aperçu de l’histoire? A Cannes j’étais tiraillé entre plusieurs films, ce qui fait qu’il y en a que j’ai vu alors que j’aurais aimé voir d’autres; ou bien, je n’ai vu qu’une moitié de certains (comme celui-ci) en voulant assister à la projection du film suivant (Memoria en occurence). Le choix était compliqué à Cannes, mais depuis mon départ de la salle du cinéma je guettais la possibilité de connaître la fin de l’histoire de Compartiment no. 6. Et voilà qu’arrive le Festival du Nouveau Cinéma à Montréal.
Le film reprend le thème commun aux nombreux livres et films. On n’a qu’à mentionner deux titres de Hitchcock (Strangers on a Train; The Lady Vanishes), La Modification de Michel Butor et Zone de Mathias Enard. On sait que le voyage dans le train suscite des rencontres, agréables et celles qui ne le sont pas tout-à-fait… Mais non, cette phrase est à reprendre, le monde n’est pas dichotomique – et ce film le montre bien.
Une femme part à Murmansk voir les pétroglyphes. Or elle n’est pas spécialiste: elle fait ce voyage pour une femme professeure qui l’avait hébergée à Moscou. Son voyage à elle n’a pas de substance, d’autant plus que la relation entre les deux est un peut douteuse. La long trajet dans le train sera une possibilité de mesurer cette relation, ainsi que celle, oscillant entre deux extrémités, avec l’autre passager qui partage le compartiment de la protagoniste.
On ne sait pas trop pourquoi elle persiste dans le voyage, qu’est-ce qu’elle y cherche. Seulement les images des rails disparaissant dans le brouillard traduisent sa quête personnelle: femme perdue, elle veut trouver un cadre, une forme de sa vie, un voyage qui aurait un but. C’est pour cela qu’elle doit le terminer – et moi aussi, je ne pouvais pas ne pas terminer le film.
Or ce qui est important, c’est la proximité de l’autre passager retrouvée au cours du voyage – partagé.